Lumières et Ténèbres [Pv : Doucy]

Un chat noir et blanc était assis devant le Promontoire du Camp du Clan des Ténèbres. Il attendait que son nom soit cité dans l'une des nombreuses Patrouilles de la journée. Finalement, il fut intégré à la surveillance des frontières avec le Clan de la Lumière. Son tour viendrait lorsque le soleil aurait atteint son zénith, vers midi. Il avait encore un peu de temps devant lui. Il ne savait pas quoi faire. Chasser peut-être ... Non, il n'aurait jamais assez le temps. Il se coucha devant la tanière des chasseurs et laissa les rayons du soleil caressés son doux pelage soyeux. Son regard éteint balaya le camp. Personne ne semblait faire attention à lui. Les guerriers qui allaient et venaient dans la tanière ne lui adressaient pas la parole et ne le regardaient même pas. Mais Complainte des Océans ne s'en attristait pas, bien au contraire. Il savait que c'était mieux ainsi. Il ne voulait plus voir personne mourir.

Midi arriva. Le petit guerrier ne s'était pas tellement ennuyé mais il était heureux de pouvoir enfin se dégourdir les pattes. Il se leva, s'ébroua et s'approcha du petit groupe de félins qui s'apprêtaient à partir. Il les salua, bien que personne ne lui répondit et il se mit en marche en même temps qu'eux, un peu à la traîne. Il savait que si il restait dans le groupe, personne n'oserait discuter et il ne voulait pas les embêter. Il en profita pour renouveler le marquage et bientôt il perdit de vue l'attroupement qui ne l'avait même pas attendu. Il soupira et ralentit l'allure. Rien ne servait de se dépêcher maintenant. Il connaissait bien l'endroit pour y être venu de nombreuses fois avec Jolie Chanson. Sa gorge se serra et son cœur s'emballa. Il frissonna et avec toute la force qu'il avait, se retint d'hurler. Il se mit à inspirer l'air avec acharnement pour se calmer et reprit sa route, balayant ses sombres pensées.

Complainte des Océans s'assit devant l'Arbre Mort qui marquait la frontière entre le territoire du Clan de la Lumière et celui du Clan des Ténèbres. La patrouille repasserait certainement ici avant de rentrer au Camp. Il n'avait qu'à attendre. Il huma l'air pour s'assurer qu'aucuns ennemis n'avaient traversés la frontière. Rien de ce côté. La dernière patrouille de la Lumière avait laissé une odeur durant son dernier passage, qui remontait à quelques heures. Un nouveau groupe de félins passerait certainement ici dans peu de temps. Tient ... C'est étrange. Le petit guerrier sentit une autre odeur, plus précise. Celle d'un chat du Clan de la Lumière. Une senteur plus présente, plus récente. Il lui sembla reconnaître l'odeur singulière de Douceur d'Automne, la nouvelle lieutenante du Clan de la Lumière. Peut-être qu'elle aussi, sa patrouille l'avait abandonné. Bientôt, il aperçut la féline derrière l'Arbre Mort. Il le contourna et s'arrêta pile avant la ligne imaginaire qui séparait la frontière.

- Salutations Douceur d'Automne, dit-il en s'inclinant. Vous ne me connaissez certainement pas, je suis Complainte des Océans.

D'habitude, le guerrier noir et blanc n'adressait la parole à personne mais il était dans son devoir de montrer un minimum de respect et de politesse à Douceur d'Automne. Maintenant, il n'avait plus rien à lui dire. Il avait dit ce qu'il avait à dire. Sa voix était neutre mais toujours emprise d'une grande lassitude et d'une petite touche de tristesse. Il baissa les yeux et regarda le sol.

Douceur d'Automne se réveilla. Le soleil montrait ses premières lueurs. La jeune féline bondit sur ses pattes et sortit agilement de la tanière des guerriers. Le tas de gibier était bien maigre. Se dispenser de nourriture serait indispensable pour le moment. Elle alla prévenir un guerrier qu'elle partait chasser seule, puis fila dans le tunnel de ronces.

La jeune femelle trottinait dans la forêt. Pour l'instant, elle n'avait attrapé qu'un maigre écureuil, qui finissait ses préparatifs pour l'hibernation. Elle l'avait enterrer près du sentier, assez profond. Maintenant, elle était proche de l'Arbre Mort, frontière avec le clan des Ténèbres. Elle était derrière l'arbre quand une voix retentit.

- Salutations Douceur d'Automne, dit l'inconnu en s'inclinant. Vous ne me connaissez certainement pas, je suis Complainte des Océans.

Douceur d'Automne sourit et s'inclina. Complainte des Océans. Hum... a part peut-être à l'occasion de l'assemblée où il avait été annoncé qu'il été devenu guerrier, la jeune féline ne le connaissait pas.

"Salutations. Il en va que vous me connaissez. Non, votre nom ne me dit en effet rien. Que faites-vous ? Moi, je chassais. En solitaire, seule."

La jeune femelle sourit et pointa ses oreilles en avant. La réponse du mâle saurait se faire attendre de la part de Douceur d'Automne. Relativement patiente, si la réponse du guerrier ne tardait pas, elle ne chaufferait pas.

- Je patrouillais le long des frontières avec d'autres Guerriers du Clan mais je me suis laissa distancé et je préfère ne pas les déranger ... Ils ne m'aiment pas trop, vous voyez ..

La petite mâle leva la tête pour plonger son regard dans celui de la lieutenante, puis il sourit tristement, maladroitement. Douceur d'Automne pointa les oreilles en avant et étira son cou. Soudain, Complainte des Océans soupira et son sourire disparu. La jeune féline fixa la mâle noir et blanc.

- Je ne voudrai pas me montrer irrespectueux Douceur d'Automne mais je vous conseille de reprendre votre chasse en solitaire ... Si vous restez avec moi, vous risquez de vous blessez. Oh non! Ce n'est pas ce que vous croyez. Je ne ferai jamais de mal à personne mais ...

La jeune femelle s'assit en prenant son temps, la queue autour de ses pattes. Elle releva la tête et fixa le petit mâle. Pourquoi fallait-il qu'il parte ? Après tout, cela ne faisait que quelques minutes, voir quelques secondes qu'ils se parlaient. Douceur d'Automne se racla la gorge et annonça au mâle d'un ton neutre :

"Ne partez pas voyons. Ne dites pas que vous êtes maudit. Si certaines personnes de votre entourage son mortes ou ont disparu, c'est le simple fait du hasard. Bien que je ne sache rien sur vous, j'ai deviner."

La jeune féline ferma ses deux yeux. Elle serra ses crocs jaunis par l'âge et le sang. Pourquoi Complainte des Océans se trouvait-il maudit ? Le hasard avait trop joué dans sa vie, point. Aucun chat n'est maudit. Aucune malédiction n'est ancrée dans les os d'un chat. Jamais cela n'arrivera.

- Tous les chats qui ont croisés mon chemin sont morts, Douceur d'Automne. Ma mère, mon père, ma tante, ma compagne et ma fille. Je ne crois plus au hasard ni même à la malchance. Si ça se trouve, je suis vraiment maudit ... la voix de Complainte des Océans se brisa.

Douceur d'Automne pointa les oreilles en avant. Mais il y avait toujours un espoir. Jamais, jamais tout n'était tout noir. Ni tout blanc, par ailleurs. L'un allait avec l'autre. La vie était ainsi. Sans l'autre, l'un mourrait. Et tout s'effondrait. lLe monde, les pensées, tout.

- Je ne veux pas qu'il vous arrive un malheur. Tous les guerriers de mon Clan m'évitent. Je me demande s'ils se souviennent que j'existe. Si c'est le cas, ils cachent bien leur jeu. Vous devriez faire de même.

La jeune féline secoua la tête en soupirant, décidée à ne pas bouger. Non. Elle ne mourrait pas, non, il ne lui arriverait pas malheur. Ce chat n'était pas maudit. Sinon, au diable soit les ancêtres ! Franchement, pourquoi vivre si on est maudit ? Mais Complainte des Océans n'est pas maudit, la jeune femelle en est sure. Elle soupire et s'avança vers le mâle, s'étant levée au paravent.

"Non, tu n'es pas maudit. Il ne m'arrivera rien. Je vais t'aider. Au pire, au diable soit les ancêtres s'ils te décident d'être maudit. Mais tu ne l'est pas. C'est uns combinaison de malchance, en fait."

Et elle fixa d'un regard profond le petit mâle noir et blanc du clan des Ténèbres. Il avait de l'espoir. Beaucoup d'espoir. Oui. C'est sûr, de l'espoir, plein d'espoir.

Le petit matou se leva brusquement et recula, ce qui étonna la calico. Il se mit à trembler, aussi. Seul la frontière pouvait les séparés, êtres différents l'un de l'autre. L'un était une sorte de dépressif, l'autre, une jolie minette qui croquait la vie à pleins crocs. L'un était guerrier, l'autre était lieutenante. L'un était du clan des Ténèbres, l'autre était du clan de la Lumière. cette frontière invisible, seule elle pouvait les empêcher de ce rapprocher trop.

- Je t'en prie Douceur d'Automne! Rentre chez toi. Laisse-moi ici ... Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose. Même si je ne te connais, je n'ai pas envie d'avoir ta mort sur la conscience, tu comprends? Tant que je ne serais pas sûr que je ne suis pas maudit, je préfère éviter tout contact ... Le Clan des Etoiles n'a jamais été bien clair avec moi à ce sujet. Peut-être m'ont-ils tout simplement oublié?

Douceur d'Automne gonfla son poil, se leva et fixa le guerrier avec colère. Il ne la croyait pas ! La seule chose vraie, les seules choses vraies plutôt, sont que c'est le coup du hasard et que ces proches étaient morts ! mais il y a un espoir, un espoir présent malgré tout qui est en vie.

"Pacotilles ! Ne comprends-tu donc pas que c'est faux ? Les seules choses vraies sont que ta famille est morte, que c'est le hasard. Mais cherche bien les ressemblances. creuses toute les possibilités dans ta cervelle de souris, obsédée par le fait que tu dis être maudit !"

La jeune féline se rassit et ce radoucit. Elle lissa son poil en quelques coups de langue et fixa le guerrier du clan des Ténèbres. Son regard transperçait presque le guerrier. Quelques poils rebelle restèrent dressés sur sa nuque.