|| Pourquoi toi ? || Découverte du corps d'Etoile d'Or → PV Clan de la Lumière

Du sang. Du sang partout. Des cris horribles, mêlés à des plaintes de douleur, des gémissements craintifs. Des coups de griffes, par ci, par là. Un chat est au corps à corps avec une masse de poil bicolore trois fois plus grosse que lui. Du noir. Du blanc. Du rouge. Le sang jaillit, éclaboussant les arbres alentours de sa couleur vermillon. Des feulements rageurs résonnent sur les rochers. Des grognements de colère retentissent. Le sentiment de peur. La sensation des griffes et des crocs qui déchirent son pelage. Un sentiment de vengeance, de désir de protéger et de défendre son territoire. Le sentiment de rage, de peur, de vengeance, de frayeur pour son Clan. Un craquement d'os brisés. Une respiration accélérée. Silence. Respiration accélérée. Silence. Respiration accélérée. Silence. Un rugissement de triomphe. Des pas lourds qui résonnent sur le sol humidifié par le sang. Ils s'estompent. Le silence. Le noir. Le sang. La rage. La frayeur. Le triomphe. Le bruit. La mort.

Dans un hurlement, je redressai la tête, les yeux exorbités, les griffes plantées dans mon carré de mousse fraiche. La panique me sert la gorge, ainsi qu'une rage incompréhensible est ressentie au fond de mon cœur. Des regards surprit se lèvent dans la Tanière. Je leurs lance un regard gêné et repose mon museau sur mes pattes. La saveur du sang et du poil de la bête inconnue était encore collé contre ma langue. Quel avait été ce rêve, pourtant si réel ? "Calmes-toi. Ce n'était qu'un simple cauchemar. Calmes-toi." Pourtant, j'avais un mauvais pressentiment. Quelque chose d'affreux s'était produit. Je le savais, j'en été sure. Sans en être sure. Je fermai les yeux, tremblante. Le Clan des Étoiles m'envoyait parfois des visions, même si je n'étais que Lieutenante du Clan. J'ai toujours eu un lien fort avec nos ancêtres. Sauf que cette fois-ci, je n'arrivai pas à comprendre si c'était un rêve sortit de mon imagination, ou si c'était une vision du Clan des Étoiles. Je préfèrerai que ma première hypothèse s'avère être la bonne.
Je rabattis ma queue contre mon museau, cherchant la douce vague sombre du sommeil. Incapable de me rendormir, je me redressai lentement, manquant de glisser et de tomber. Je me passai un coup de langue sur le poitrail et sur ma patte droite, avant de me la passer sur l'oreille. Inutile de m’accabler plus que ça sur mon rêve. Si c'était bel et bien une vision du Clan des Étoiles, ce dernier s'arrangera pour que je le comprenne. Je m'étirai lentement, jouissant des muscles puissants roulant sous mon pelage devenu épais à l'approche de la mauvaise saison et sortis de l'antre à pas feutrés. Sous les rayons matinaux, chauds et rassurants du soleil nouveau, je baillai à m'en décrocher la mâchoire, laissant découvrir deux rangées de crocs luisants redoutables. Je levai des yeux timides vers le ciel. Il était encore trop tôt pour réveiller la plupart des guerriers. Les patrouilles de l'aube partent plus tard que ça d'habitude. Je fouettai l'air de ma queue et décidai d'aller chasser dans la forêt giboyeuse, histoire de me dégourdir les pattes et de m'éclaircir les idées. En plus, je pourrai, comme ça, rapporter à manger pour le Clan. Je me dirigeai vers la sortie du Clan. Feuille Verte [PNJ] montait la garde depuis l'aube. Je la saluai d'une ondulation de la queue tandis qu'elle me rendit mon salut d'un hochement respectueux de la tête. Je m'engouffrai dans le Territoire, truffe au vent. Aucune odeur de gibier aux alentours. Frustrée, j'accélérai le pas pour arriver plus vite à la forêt giboyeuse. Au bout de quelques centaines de mètres, je redressai le museau vers le ciel. Ce ne fut pas une odeur de gibier qui me vint. Du sang. L'odeur du sang. Mon pelage se hérissa et un malaise me prit. Mon mauvais pressentiment enflait au fur et à mesure que j'avançai. Mon cœur battait la chamade, j'avais envie de vomir. Mes pas se firent de plus en plus lents et mes oreilles se rabattirent en arrière. Je débouchai à un endroit où les arbres se faisaient moins denses. Une silhouette blanche, ensanglantée, était allongée, à quelques mètres de là. Le sol était tout poisseux de sang, la couleur rouge sombre était étalée partout autour, sur les troncs d'arbre. Partout. Je clignai des yeux, surprise. Qui était-ce donc ? Peu rassurée, je m'approchai en rampant, le ventre frôlant presque le sol terreux. Mes oreilles se redressèrent, mes yeux s'écarquillèrent. Le chat immaculée avait des yeux dorés. Son pelage était long, blanc. Sa mâchoire était entrouverte, un filet de sang s'en échappait. Cinq de ses dents étaient brisés. Ses oreilles étaient déchirées, son œil droit était broyé. Sa nuque était tordue dans un angle improbable, couvert de sang, ouvert de toute part. Le reste de son corps était intacte ou presque, juste couvert d'un sang encore plus sombre. Entre ses griffes apparaissaient des touffes de fourrures noires et blanches malodorantes. Malgré le corps mutilé et couvert de sang sombre, je n'eus aucun mal à reconnaitre le chat tué. Ma bouche s'entrouvrit en une longue plainte horrible, mes oreilles se plaquèrent en arrière, je rejetai la tête en arrière et hurlai ma douleur au ciel rosé par l'aube nouvelle.

"Étoile d'Or !"

Non, non, non... Figée sur place, le cœur en lambeaux, je restai les yeux rivés sur le corps de ma Chef. Comment était-ce possible ? La femelle avait encore 3 vies et était une des combattantes les plus féroces de toute la forêt. Comment avait-elle pu se faire tuer ainsi, perdant 3 vies d'un coup ? Je m'approchai lentement et fixai son œil valide. Il était voilé, non pas par la mort, mais par un voile plus blanc encore. Aveugle. La femelle immaculée était... aveugle ? Je ne l'avais jamais su. Elle ne nous l'avait jamais avoué. Pourquoi ? Pourquoi nous avoir caché donc ça ? Voilà pourquoi elle s'était faite tuée comme ça... Voilà pourquoi... Elle ne voyait pas. Mais pour combattre un blaireau, il faut plus que de l'odorat et une ouïe parfaite. Je bondis sur le corps de mon chef, les joues trempées par les larmes. Les plaintes montaient de mon poitrail, j'enfouis mon visage dans le cou meurtrit d’Étoile d'Or. Je ne pouvais pas y croire. Elle nous avait quitté comme ça. Sans rien avoir eu le temps de nous avouer sa cécité. Sans avoir eu le temps de protéger encore plus longtemps son Clan. C'était impossible. Impossible.

"Ne me quitte pas, Étoile d'Or. Pas toi... Pas toi. Étoile d'Or !"

Je hurlai de douleur, je tremblai de tous mes membres. Mes griffes raclaient le sol poisseux de sang, mon pelage se trempait du liquide vermillon de ma Chef. Mes yeux se fermaient, je ne pouvais plus la quitter. Je ne pouvais plus me décoller du corps de la chatte défunte, je ne pouvais pas croire qu'elle soit morte. Je ne pouvais pas y croire, je ne voulais pas y croire. J'avais l'impression que l'on m'arrachait ma vie. Je perdais plus qu'une Chef. Je perdais une amie, une confidente, une sœur de cœur, une chatte de confiance, une chatte adorable, une meilleure amie, la partie droite de mon cœur. Je me blottis tout contre le corps d’Étoile d'Or, laissant libre court à mon chagrin, tremblante, en larmes. Étoile d'Or...

"Adieu Étoile d'Or... Les Clans honoreront ta mémoire pendant des générations..."

Je sentis un poids horrible se déverser sur mes épaules. En plus du chagrin, de la souffrance, de mon deuil. Du chagrin, de la souffrance et du deuil du Clan. En plus de tout ça, j'avais désormais la responsabilité d'un Clan sur mes épaules. J'étais désormais la Chef du Clan de la Lumière. Mais je ne voulais pas. Pas tout de suite. Je n'y croyais pas. Je pensais rester Lieutenante encore des lunes. Et voilà que tout est parti dans l'ombre. Ce n'était pas possible. Je ré-enfouis mon museau dans le cou ensanglanté de la femelle couleur neige. Je faillis m'endormir, apaisée par l'odeur encore perceptible de mon chef, mais un craquement retentit. Je dressai les oreilles. Un autre chat arrivait. Je respirai à fond. J'allai devoir tout expliquer.

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[ LuLune a donc donné son accord quant à la mort par blaireau :3 ]

Pistache Ambrée

La doyenne huma l'air et continua sa promenade. Malgré un petit vent frais, le ciel était dégagé. Belle journée pour sa récolte. Elle avait en effet décidé de repartir en cueillette malgré une légère fatigue, ce qu'elle avait ramené la veille n'était pas suffisant. Et cette fois elle s'y prenait plus tôt. Elle n'avait pas envie de se refaire une frayeur comme le dernier soir. Traverser la forêt en pleine nuit et toujours une expérience angoissante, mais pas seulement pour les chatons. L'ombre semble vouloir vous engloutir alors que les branches s'accrochent à votre pelage et tout prend des proportions irréelles. Combien de fois avait-elle crut voir un blaireau se dresser dans les fourrés ? Un blaireau ! Ça ne c'était jamais vu sur les terres des clans enfin ! Certains guerriers faisaient les malins, à se faire passer pour des durs à cuir, mais la vieille chatte était intimement convaincue qu'il restait une part d'angoisse en chacun en voyant ces arbres tordus faire craquer leurs branches dans la nuit. Enfin, trêve de pensées philosophiques. Cette fois il faisait jour et elle devait ramener rapidement les derniers plans de bourrache et d'herbe à chat avant que le gel ne la surprenne. La guérisseuse pressa le pas tout en balayant le sol du regard. Le tapis de feuilles dorées qui le recouvrai s'épaississait au fil des journées mais pour l'instant, il lui permettait encore de voir les touffes d'herbes et de plantes qui poussaient ça et là. Où était donc le bouquet de bourrache qu'elle avait repéré ? Chaque année, elle veillait à laisser juste assez de plantes pour que les fleurs se ressèment en vue de la prochaine saison. C'était ça aussi être guérisseur. Jardinier de la forêt. Pistache Ambrée releva la tête en apercevant un chêne comme tordu par le vent. Malgré ses branches nues, elle le reconnut et hâta encore le pas, autant que le pouvait ses muscles endoloris par l'age. Elle n'était plus très loin... Ah, enfin, le voilà ! Calmement, la doyenne écarta les feuilles du bout de la patte pour dégager les petites fleurs bleues. Elle avait toujours aimé ces plantes pour leur forme d'étoile. C'était sans nul doute le signe de leur pouvoir. Et effectivement, Écorce d'Eben lui avait apprit comment sans servir pour aider les reines. Ces plantes donnaient la vie. Du bout d'une griffe, elle coupa délicatement les trois quart des fleurs à la base de la tige, s'appliquant. Puis elle se pencha pour saisir le fragile bouquet entre ses crocs et se redressa, prête à reprendre le chemin du camp.

C'est alors que le cri retenti.

"Étoile d'Or !"

En entendant ce cri déchirant, trahissant toute l'horreur et le désespoir du monde, la chatte sursauta violemment et en lâcha sa récolte. Que... Était-t-il arrivé quelque chose à sa chef ? Affolée, elle abandonna là les bourraches et se précipita vers l'origine du bruit. Vite, plus vite ! Mais l'age la trahit une fois de plus et la guérisseuse se retrouva étalée par terre sans comprendre. Pour repartir aussitôt, clopin-clopant. Que se passait-il ? En repensant au hurlement, elle frissonna d'horreur et pria soudain le clan des Etoiles d'arriver à temps. S'il vous plait...

Des arbres, des arbres, éviter les branches qui semblent se tendre sur ton passage pour te faire tomber, des arbres, éviter, des arbres, toujours des arbres, des arbres, plus d'arbre. Prise de cours, Pistache déboula dans la clairière, moitié courant, moitié trébuchant et s'arrêta à quelques queues des chats. Rivière Mordorée était recroquevillée contre un corps poisseux de sang. Etoile d'Or. Malgré le sang, elle reconnaîtrait ce pelage entre mille.
Affolée,  elle s'approcha de sa chef à toute vitesse et se laissa tomber près d'elle avant d’examiner ses blessures. Elle en avait vu beaucoup dans sa vie. Mais les temps étant calmes ces derniers temps, jamais d'aussi atroces. L'attaquant semblait s'être acharné sur son visage surtout. La mâchoire de la blessée était entrouverte et laissait couler un filet de sang entre ses dents brisées. Ses oreilles étaient en lambeaux, son œil droit méconnaissable, sa nuque tordue dans un angle impossible, tout son corps couvert de sang... Pistache redressa la tête vers Rivière Mordorée, choquée.

Que... Que c'est-il passé ?

Qui avait fait ça, qui ? Elle avisa alors les poils blancs et noirs coincés dans les griffes du chat et senti son pelage se hérisser le long de son dos. Était-ce mieux de savoir que ce n'était pas là le coup d'un chat et qu'ainsi cela n'entraînerait pas de conflit plutôt qu'un blaireau rodait quelque part dans la forêt ?

Pistache Ambrée

Un nouveau chat approchait rapidement. Accusant le coup, Pistache Ambrée ne releva même pas la tête pour identifier le félin. Elle gardait le regard fixé sur le pelage de sa meneuse, poisseux de sang et maintenant de larmes. Mais la brise apportant de nouvelles effluves vers elle lui fit reconnaitre Douceur d'Automne.
Comment cela avait-il pu se passer comme ça ? En quelques secondes ?
Depuis des lunes, elle travaillait dur pour apprendre le maximum de son mentor et des autres. Depuis des lunes, elle s'efforçait de faire de son mieux afin d'aider les chats qu'elle aime. Depuis des lunes, elle veillait sur les félins de la forêt, toujours prête à se porter à leur secours. Et depuis des lunes, elle n'avait que quelques maladies et épidémies mineures à soigner. Pas qu'elle regrette cette période chanceuse... Mais pourquoi... Pourquoi le seul jour, le seul, où on avait réellement besoin d'elle, elle n'était pas là ? La guérisseuse avait envie de hurler.

Au lieu de ça, elle se redressa, se secoua pour se vider l'esprit, et s'approcha des deux félines pour presser son pelage contre le leur en guise de réconfort. Puis elle se décida à briser le silence du moment en un murmure.

On ferait mieux de la ramener au camp. L'assassin est peut-être encore dans les parages... Il faut avertir le clan et se préparer pour la veillée.

Doucement, elle se pencha sur le corps d'Étoile d'Or pour l'attraper par le coup comme une petite chatonne pour la trainer le plus méticuleusement possible avec l'aide de Douceur d'Automne, laissant une trainée rouge sur le sol couvert de feuilles givrées. Rouge éclatant sur le tapis blanc précédant l'hiver.

[ Oublié de clore ce RP, +5 points pour la Lumière ]