Première maladie [Soupire du Ressac et Etoile du Mandragore]

C'était une mâtinée fade et pluvieuse, une de ces journées qui ne nous donne pas envie de se lever le matin pour affronter la température. Bon, personnellement, je n'avais aucune remarque à faire contre la météo, si un jour advenait que je ne veuille me lever, ce serait plutôt parce que je n'aurais plus le désir de voir mes camarades parfois si superficiels. Les gens me lassaient rapidement, c'était de coutume. Mais j'avais des obligations, la fraîcheur, ou plutôt la froideur de cette saisons des neiges qui s'achèverait prochainement ne me les enlevait pas.

Ainsi, je m'étais levé et étiré, déplorant l'absence d'apprenti qui aurait été bien heureux de m'accompagner pour découvrir l'emplacement de remèdes. J'avais abandonné cette idée et songé à quoi j'aurais pu m'occuper les pattes. Je me retrouvais bien vite là, à l'entrée de ma tanière, observant la fébrile agitation du camp. Le ciel hésitait visiblement à décharger sur nous sa fureur toute tranquille et je me demandais s'il serait de même pour le reste de cette maussade journée. J'avais l'impression d'être le seul affecté par les tons grisâtres. Comme si j'étais le seul à croire que le soleil ne reviendrait pas avant un bout de temps. Les chatons jouaient, surveillés par l'oeil vigilant de leurs mères respectives. Les apprentis se chamaillaient et bavardaient de leurs entraînements. "Je serai le meilleur des guerriers !" et "C'était la plus grosse souris qu'un apprenti est attrapé, pendant la saison des neiges en plus !" étaient les devises que j'entendais le plus. C’en devenait vite horripilant de les entendre de vanter de la sorte.

Mon regard fut attiré par l'un des seuls chats de ma connaissance que je respectais véritablement. Le chef bien entendu, anciennement, comme je me le rappelais, doté d'un pelage noir et blanc éclatant. Il se faisait vieux, mais ne dit-on pas que l'on prend de la sagesse avec l'âge ? Les conversations que nous avions de temps à autre étaient des plus appréciées. Du moins, pour ma part, je ne pouvais pas juger sa façon de les voir. Je me relevais, humant un instant l'air humide en exhalant, comme une sorte de soupir étouffé. Je marchais jusqu'à lui, étendant mes pattes couleur de sable. J'avais trouvé mon occupation, j'irai voir les reines et les chatons à pouponnière, mais bon, peut-être Étoile de Mandragore souhaiterait m'accompagner ?

-Bonjour Étoile de Mandragore, je me rendais à la pouponnière m'enquérir de la santé des petits. Souhaiterais-tu m'accompagner ?

Sans attendre de réponse, fidèle à moi-même, j'hochais de la tête en indiquant la direction de l'endroit avant de continuer ma marche. Il ne s'en formaliserait pas, à moins qu'il ne soit devenu pointilleux à ce sujet. Mon trajet n'était pas bien loin, je n'eux donc que cette pensée avant que la pouponnière se dresse devant moi. J'y entrais rapidement, sans faire de bruits au cas où des jeunes dormiraient. J'observais pendant une seconde le nid où des petites silhouettes étaient allongées, endormies. Je remarquais une chatonne en particulier, regard bleu brillant comme si un soleil miniature se cachait derrière, pelage blanc avec quelques touches de noir sur la tête. Elle était mignonne, je suppose, pour les critères que tous portaient sur les petits.

Je me retournais pour découvrir le matou au pelage bicolore. Il m'avait suivi, finalement. Peut-être était-ce là, la cause des étincelles dans les yeux de la petite. La mère de celle-ci tentait visiblement de me faire passer un message sans parler. Était-elle devenue muette ou quoi ? Une lumière se fit dans mon esprit quand elle scruta sa fille. J'aurais donc une patiente aujourd'hui !

-Bonjour petite, as-tu un nom ?

Le bonjour était surtout pour apaiser la susceptibilité qu'on ressentait vis-à-vis moi-même. Je n'étais pas vraiment aimable habituellement.