|Mission ♥| Eradication| Fureur du Lion, Flamme Rousse & Oiseaux des Neiges

Éradication. Littéralement, ce mot représente l'action d'éradiquer un mal, d'éradiquer quelque chose, mais il signifie aussi cesser de faire quelque chose ou faire disparaître cette chose. Dans quel sens je l'entends ? Peu importe. Je l'entends comme bon me semble. Après tout, chacun pense ce qu'il veut, tant qu'il ne nuit pas aux autres en le faisant. Moi je pense que le terme éradiquer peut avoir plusieurs sens, ceux qui se trouvent un peu plus haut. Je pense également qu'il faut bien choisir ses mots lorsque l'on parler et surtout faire comprendre le bon sens à ceux avec qui l'on communique, sinon, ils pourraient se fourvoyer. Par ailleurs, est-ce que je ne me fourvoyais pas moi-même en pensant que j'étais encore capable d'accomplir une telle mission ? Cette mission que l'on m'avait en parti confié. Je n'avais pas le droit à l'erreur. Je n'y avais pas le droit, sinon quoi, je devrais rejoindre ceux que je craignaient tant. Ce moment de ma vie n'était pas encore arrivé. Je n'étais pas encore prêt.

Au fond de la Tanière des Guerriers, du remous se fait entendre. Un léger bruit. Une respiration sifflante par là, des coups de pattes donnés dans le vide, faisant sifflant le vent, ou bien dans des félins, un Guerrier qui pousse un cri de surprise, d'autres qui ronchonnent car ils ont été réveillés par ce cri, par ces bruits, ces bruits de la nuit, ces bruits prouvant bel et bien l'activité nocturne des félins. Fureur du Lion fut l'un de ses chats réveillés par ce cri. Loin d'être autant de mauvaise humeur que les autres, il ne dit rien lorsque les autres grognèrent contre le gêneur. Il avait passé l'âge de critiquer et de grogner à tout bouts de champ. Soupirant contre les râleurs, le Vétéran reposa sa tête entre ses pattes et tenta de retrouver le sommeil. Celui-ci se fit prier et en plus, pour finalement, ne pas venir. Un peu vexé, Fureur du Lion lâcha un soupir inaudible. Il n'avait donc plus rien à faire dans les bras de Morphée. Elle ne voulait plus de lui. Et pourtant, il n'avait rien fait de mal. Aucune règle, il n'avait transgressées durant son sommeil. Bien que le monde dans lequel il se retrouvait de l'autre côté, il lui était permis de faire ce que bon lui semble, il s'était toujours comporté en Guerrier. Le matou au pelage fauve se mit à lancer des coups d'œil à droite et à gauche afin de se rendre bien compte de l'heure qu'il était. A en croire le peu de luminosité présente dans la tanière, il ne devait pas être bien tard. L'aube ne devait même pas s'être levée. Après plus de cinq minutes passées à observer ses congénères, Fureur du Lion s'en lassa. Il se leva avec précaution et avec une souplesse que peu avait encore à son âge. Il rejoignit, à peu à l'aveuglette, la sortie de la Tanière, en prenant garde de n'écraser personne en passant.

Dehors, il se rendit compte qu'il avait eut raison. L'aube et le jour n'était pas près d'arriver. A en croire le ciel d'un bleu nuit sublime. Souriant, Fureur du Lion prit soin de se dégager de l'entrée et de se placer à l'écart, là où il serait tranquille pour observer la Toison Argentée. Si seulement le Clan des Étoiles pouvait lui parler. Il avait tant de questions à lui poser. Et il était toujours resté muet. Le sourire sur les lèvres du vieux chat ce fit plus grand lorsqu'il vit une étoile briller plus forte que les autres. Était-ce un de ses proches disparus ? Était-ce l'étoile de sa mère ou bien celle de son père ? Qui saurait le lui dire ? Personne en ce monde. Personne sur cette Terre. A moins qu'un félin étoilé n'y descende. Faire une rencontre de ce genre, Fureur du Lion en avait toujours rêvé. Mais en quatre-vingt-dix lunes de vie, jamais il n'en avait eut l'occasion. Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'il n'avait pas eut ce privilège ? Car il était réservé aux personnes spéciales et réellement importantes. La matou fauve se perdit dans ses pensées et dans ses rêves d'une vie riche en émotion et bien différente de celle qu'il avait vécu.

Il resta ainsi un long moment. A vrai dire, il ne bougea que lorsque la dernière étoile eut disparu, c'est-à-dire peu de temps avant l'aube. Il avait alors changé d'endroit et avait changé de sujet. Au lieu d'observer les étoiles, il observait l'étonnant Soleil se lever et ses magnifiques rayons refléter sur terres milles teintes allant du jaune au rouge, en passant par l'orange. Fureur du Lion resta longtemps devant ce spectacle que lui offrait le Soleil et la nature toute entière. Les oiseaux commencèrent à gazouiller, les proies à s'éveiller et de même pour les redoutables prédateurs qu'étaient les Guerriers. Avec eux se levait les prédateurs menaçant et les proies et les Guerriers eux-mêmes. Ceci rappela au Vétéran qu'aujourd'hui, il devait se rendre aux terriers pour éradiquer un vicieux renard qui avait été repéré un peu plus tôt par une patrouille. Bientôt, il serait temps de partir. Le plus tôt serait le mieux, mais les jeunes n'étaient pas encore debout, du moins pas tous. Bien que Fureur du Lion mourrait d'envie d'en finir au plus vite avec cette créature vicieuse, il devait attendre ses camarades sans qui la partie ne serait pas si sûre que cela. Bien sûr, en plus des jeunes, il avait l'expérience, mais le renard est un animal rusé et peut très bien connaître les combines des Guerriers au quel cas, il vaut mieux être plusieurs et bien préparé. Flamme Rousse, la Lieutenante et un de membres de la patrouille d'éradication vint se joindre à lui. Il la salua et l'invita à grignoter quelque chose avant le départ. Les deux pairs finissent par s'installer au beau milieu de la clairière et se mettent à discuter de bons cœurs de sujets légers comme l'air. Alors qu'il ne les attendait plus, Fureur du Lion entendit la voix familière de Douceur du Temps :

« Bonjour Fureur du Lion et Flamme Rousse, êtes vous près à partir pour les terriers ? Je vais chercher Oiseau des Neiges dans la tanière des guerriers. »

Fureur du Lion prit la peine de se retourner vers celle qui venait de s'annoncer. Il la salua brièvement avant que celle-ci ne tourne le dos au Guerrier et reparte d'où elle venait. Elle venait de poser une question et n'avait même pas pris la peine de laisser qui que ce soit y répondre. Ah décidément ! Les jeunes n'étaient plus ce qu'ils étaient. Les temps changent comme on dit. Quelques instants plus tard, Fureur du Lion voit la femelle au pelage sable revenir sur ses pas et venir se placer à ses côtés. Il la regarde, étonnée par cette jeune. Puis, comme tous les trois devaient le faire à présent et ce jusqu'à ce que l'intéressée daigne pointer le bout de son museau, Fureur du Lion se mit à attendre. Il perdit ses yeux dans le vide et se mit à songer à des tas de choses n'ayant aucun rapport avec ce qui l'attendait lui et sa petite bande.

Les yeux perdus dans l'immensité du vide, Fureur du Lion ne se rendit pas compte qu'il quittait de plus en plus son corps pour se concentrer sur ses idées et sur les diverses pensées qui virevoltaient dans son crâne. Il pensait à tant de choses qu'il s'y perdait. Il pensait à son passé, ses amis, les vivants, ceux qui l'avaient malheureusement quitté, ceux qu'il ne pouvait pas supporter, ceux qui lui manquaient plus que tout. Il pensa à ses réussites et par conséquent à sa plus belle, Étoile du Papillon, ainsi qu'à ses défaites, comme des victoires perdues lamentablement, des défaites qui n'auraient jamais dû arriver, à cause de stupides erreurs de sa part ou de la part de ses amis. Les beaux souvenirs lui donnaient des grains de bonnes humeurs, tandis que les plus anciens, les plus mémoriaux lui donnaient une pointe de nostalgie, voir de mélancolie, certaine. Tant de choses lui manquaient, tant de personnes qui étaient parties trop tôt, sans lui. Parfois, il lui venait de regretter de ne pas être parti avec ceux qui avaient été ses plus proches amis. Le Clan des Étoiles ne l'avait jamais appelé. Il ne le voulait pas pour le moment. Il lui avait facilement fait comprendre en le laissant vivre tant de temps et en l'épargnant lors des combats, des guerres et des malheurs qui touchaient tant de félins. Parfois, le félin fauve se sentait un peu au-dessus de tous ceux qui étaient décédés avant lui. Néanmoins, il ne l'était pas. Le Clan des Étoiles avaient tout simplement choisit d'appeler ses camarades avant lui, peut-être qu'ils méritaient une retraite plus rapidement que lui. Peut-être que leur mission sur terre était terminée. Ce n'était donc pas le cas pour lui ? Il devait encore une fois prouver sa loyauté ? Sa force ? Il n'en avait presque plus. Plus les jours passaient et plus ses forces le quittait. Elles s'en allaient comme si le vent soufflait dans son corps et les emportaient dans un tourbillon magique. Étrange métaphore, mais c'est-ce que Fureur du Lion ressentait.

« Désolée de te le demander mais…tu t’appelles comment ? »

Fureur du Lion quitta ses troubles pensées. En un rien de temps, son âme rejoignit son corps, il lui parût devenir plus lourd. Les pensées qu'il avait pu avoir s'échappèrent de sa tête comme-ci cette dernière avait été percée. Fureur du Lion était parvenu à reconnaître la voix de Flamme Rousse, qui commençait à lui paraître familière. Depuis le temps qu'elle avait intégré le Clan, il devait bien se faire à la voix qu'elle avait. Tout en sachant qu'elle s'était vu confier le poste de Lieutenante et que par conséquent, sa voix tonnait tous les matins afin de donner des ordres et surtout de faire l'organisation et la cohésion dans le Clan. Elle était chargée de composer les différentes patrouilles et de donner les différentes tâches à faire à chacun, de sorte que la quantité de travail soit plus ou moins égale et que tout le monde soit occupé à ce dont il est vraiment doué. Ainsi, elle essayait de prendre en compte le physique et les atouts de chacun de ses camarades pour voir le meilleur rendement possible de chacun. Étant assez ambivalent, Fureur du Lion pouvait être répartie presque n'importe où. Ce qui à son plus grand plaisir lui permettait de se diversifier et de ne pas faire toujours la même chose, même si c'était toujours patrouille ou chasse. Un peu étonnée par la remarque, la question, de la femelle au pelage roux, le vétéran tourna la tête vers l'intéressé. Il se rendit compte, en suivant son regard, qu'elle regardait Douceur du Temps. Il devait donc lui parler à elle. Fureur du Lion posa ses yeux ambrés sur la jeune Guerrière et se rendit compte que celle-ci semblait un peu déçu de la réaction de sa Lieutenante. Fureur du Lion put presque sentir la gêne de la femelle au pelage sable, c'était, quelque part, compréhensible. Une Lieutenante qui ne connaissait pas le nom de ses camarades, s'était... étrange.

« Je me nomme Douceur du Temps »

Fureur du Lion se rendit encore plus de sa gêne dans sa voix. Néanmoins, le Vétéran ne fit aucune remarque. C'est vrai que se devait être un peu décevant que l'on ne se souvienne pas de son nom. Fureur du Lion se sentirait étrange si la Guerrière rousse ne le reconnaissait pas. Il se sentirait même pire, étant donné que quasiment personne ne lui ressemblait et que vieux comme il était, on ne pouvait pas le confondre avec un plus jeune. Par endroit, son pelage avait déjà commencé à blanchir légèrement. Bientôt, l'heure de prendre sa retraite sonnerait et il rejoindrait la tanière des Anciens pour finir sa vie. Il préférait la finir dignement, en protégeant son Clan, lors d'une bataille par exemple, mais peut-être qu'il devrait se contenter d'une mort lente et douce. Le vieux se rendit compte qu'Oiseaux des Neiges avait suivi Douceur du Temps. Heureux de voir que tout le monde était présent et apparemment prêt à partir, il ne tarderait pas à sonner le départ. Du moins, il le ferait si Flamme Rousse le laissait le faire. Normalement, la direction de cette mission lui revenait, elle était Lieutenante. Il lui laisserait la place très facilement et ferait profiter la patrouille de ses conseils si elle en avait besoin. Alors qu'il s'apprêtait à ouvrir sa gueule pour demander le départ, la Guerrière au pelage étrangement marqué le devança :

« Je pense que nous pouvons nous mettre en route pour les terriers, non ? »

Fureur du Lion se sentit à la fois devancé et également un peu agacé. Bien qu'elle fusse Guerrière, Fureur du Lion la trouvait trop jeune pour prendre de telles initiatives. Certes, elle devait déjà avoir mené des patrouilles ou autre, mais avec des Vétérans tels que Flamme Rousse et lui, elle aurait dû les laisser faire. Il faut croire que la jeunesse n'était plus ce qu'elle était, pensa le vieux qui soupira longuement en regardant la Guerrière. Celle-ci lança un regard vers Oiseaux des Neiges avant de retrouver le regard des deux plus vieux de la bande. Fureur du Lion ne souriait pas. Il n'en avait pas envie. Pas dans ces circonstances. La jeunesse l'agaçait à présent, du moins certain jeunes. Il sentait la vieillesse monter en lui et avec elle, son côté grognon s'amplifiait. Il n'aimait plus leur côté impatient, à la limite de la provocation. Il supportait de moins en moins les remarques et écarts de comportement. Son regard se fit plus dur et il toisa presque la femelle. Essayant de faire redescendre la colère qui montait, il fixa la Guerrière rousse et dit d'une voix calme, qui ne trahissait pas son réel était d'esprit :

« Je pense qu'il est effectivement le moment de partir Flamme Rousse. Je te laisse prendre les devants. »