[PV-Nuit Blanche] « Il faut toujours viser la lune, car même en cas d'échec, on atterrit dans les étoiles... »

Pistache Ambrée

La guérisseuse se tenait, immobile et silencieuse, devant l'eau limpide qui glougloutait doucement devant elle. À ses cotés, un petit tas de plantes commencé.

Pistache Ambrée était sortit du camp alors que le soleil était presque à son zénith et avait traversé la forêt avant de s'aventurer hors des territoires de son clan pour remonter le ruisseau jusqu'à ce gué.
La doyenne était parti ainsi seule, sans prévenir quiconque, afin de refaire ses réserves avant le retour des temps durs. Et elle savait que certaines espèces intéressantes raffolaient des endroits humides comme le bord du ruisseau. Tant mieux. Car c'était aussi l'un de ses lieux préférés, où elle aimait se rendre.

Lorsqu'elle avait effectué le trajet, ressentant les protestations de ses muscles qui n'avaient pas été tant sollicités depuis plusieurs jours, la vielle chatte avait tout d'abord pensé avec amertume à l'apprenti qu'elle n'avait pas. Comme elle aurait aimé l'envoyer à sa place ! Puis elle avait secoué la tête et était reparti de plus belle. Si elle voulait rester aider son clan, les clans, le plus longtemps possible, la première chose à faire était de prendre soin d'elle-même. Et ce n'était pas en se morfondant au camp qu'elle se maintiendrai en forme.
Voilà pourquoi Pistache se trouvait maintenant là, les yeux fermés, à respirer doucement l'air pur qui montait du ruisseau. Confiante. Elle ne craignait rien ici. Après tout, la loi des guérisseurs la protégeait et ces terres n'étaient à personne...

En arrivant, elle avait cueilli seulement une dizaine de racines avant de s'arrêter, subjuguée par la grâce du lieu alors que la nuit s'installait tranquillement.
Depuis, bien droite sur la rive, elle attendait. Écoutant le silence du vent venant rider la surface de l'eau ruisselante en une douce caresse. Écoutant le calme de la nuit qui pose doucement son voile moucheté sur la vie. Bien qu'étant un lieu de passage évident, l'endroit était rarement fréquenté. Il servait surtout par les soirs d'Assemblées en réalité. Alors la guérisseuse pouvait profiter pleinement de cette quiétude apaisante. Bientôt, la lune traversera les nuages et viendra alors illuminer son pelage et se dédoubler dans la rivière.

C'est alors que le vent porta au museau de Pistache Ambrée un parfum tout autre que celui de l'onde.
Surprise un instant de ne pas être la seule à se balader par ici au crépuscule, la guérisseuse ouvrit les yeux d'un seul coup et se tourna vers l'intrus, arrachée à sa rêverie.

« Bonsoir. » fit-elle simplement.

Nuit Blanche

Le soleil avait disparu depuis peu derrière les arbres, et un vent frai s’engouffra dans la tanière de Nuit Blanche, qui dormait profondément dans son nid. Sentant la brise soufflé sur ses moustaches, elle se réveilla. La nuit, c'été le meilleur moment pour chasser. Bien qu'elle n'ait pas faim, il fallait qu'elle soit prête avant l'arrivée de la mauvaise saison. Elle se leva doucement, se donna un rapide coup de langue sur le poitrail et sortit. La nuit été déjà très sombre, annonçant les premières neiges d'une saison glaciale. Elle se mit a marché, levant la truffe pour détecter une proie. Rien. Elle n'avait pas le choix, elle devait se rapprocher du petit cours d'eau qu'elle avait vu auparavant, espérant trouver une proie imprudente. Et de plus, cela pourrai lui permettre d'étanché sa soif. Elle s'élança, et arriva très vite au petit ruisseau. Elle alla d'abord boire un peu d'eau, puis elle ouvrit la gueule pour mieux détecter les odeurs. Un délicieux fumet emplissait ses narines. Elle se mit en position, rampant sans bruit à travers l'herbe grasse et les feuilles mortes. Très vite, elle repéra sans mal le petit campagnol imprudent, qui mangeait un gland. Elle banda ses muscles, sortit les griffes, puis bondit sur le rongeur. Il n'eut même pas le temps de couiner que la jeune chatte l'avait tué. Elle le prit entre ses crocs, remerciant ses ancêtres, et l'enterra. Elle rouvrit la gueule, mais là, ce n'été pas une proie qu'elle sentait, non. Ce parfum été celui d'un autre chat, mais devait-elle s'attendre à un chat de clan qui lui arracherai la fourrure ou à un simple autre chat solitaire ? Elle devait voir qui été ce mystérieux inconnu. Sans bruit, elle suivit l'odeur, et vit à sa grande stupéfaction que ce chat été en fait une chatte. Le tas d'herbes à côté d'elle prouva qu'elle été certainement guérisseuse d'un des clans. Nuit Blanche se détendit. Soudain, la chatte ouvra les yeux :
Bonsoir. lança-t-elle.
Nuit Blanche fut étonné de tant de calme et de gentillesse dans sa voix. Ne voulait-elle même pas la chasser ? Cependant elle répondit :

Bonsoir. Qui es-tu ? Tu viens de l'un des clans vivant ici ?

Spoiler:

Pistache Ambrée regarda l'intrus sortir de l'ombre sans bouger. L'intruse.

« Bonsoir. Qui es-tu ? Tu viens de l'un des clans vivant ici ? »

La chatte avait un pelage bicolore ce qui devenait saisissant en pleine nuit. Le noir de son dos se confondait avec le manteau sombre du ciel et la forêt plongée dans la pénombre alors que le blanc de son pelage reflétait la lune et par contraste avec la nuit, n'en ressortait que plus éclatant. Si bien qu'on avait un instant l'impression que des bouts de chat lumineux se baladaient au bord de l'eau. La guérisseuse frissonna brièvement et chassa ces idées idiotes de sa tête avant de reporter son attention sur l'inconnue.

Car elle en était sur, elle ne l'avait jamais vu auparavant. Et puis son odeur n'amenait rien de reconnaissable à sa truffe. Pourtant, à force de fréquenter Empyrée Éthéré, Ombre d'Argent et Don des Étoiles (paix à son âme), elle reconnaîtrait les odeurs des autres clans dès la première effluve. Et cette chatte ne sentait pas non plus l'odeur artificielle des bipèdes. Quelle idée, de toutes façons, si elle était une domestique, jamais elle ne serai là. Une seule solution donc, voilà une Solitaire qu'elle n'avait encore jamais vu. Pistache l'admira un instant pour avoir le courage de s'aventurer si près et en réalité, en tenaille au milieu des terres des clans... Elle ne savait surement pas que les félins étaient très agités en ce moment, cherchant le moindre prétexte pour aiguiser leurs griffes. La guérisseuse ne comprenait pas ce qu'ils leur arrivait.

Avec un soupir, elle se releva en étirant le dos pour se dés-ankyloser, bougeant enfin ses membres après tant de temps immobile.

« En effet. Je suis la guérisseuse du clan d'Etoile d'Or. »

Elle prononça le nom avec une pointe de respect évidente, ne semblant nullement consciente de répondre de longues minutes plus tard. A quoi cela servait-il de se presser ? La doyenne aimait prendre son temps. Mais c'était aussi un devoir. Que valait un guérisseur qui ne prenait pas son temps ? Vous imaginez ? On s'embrouille, on s’emmêle, on panique, on donne une baie rouge au lieu d'une graine de pavot... La moindre erreur peut être fatale. Si elle trouvait enfin un apprenti, ce sera la première chose que Pistache Ambrée lui apprendra. Prendre son temps. La deuxième chose ? Viser la lune.
Cela lui rappela à la fois son entraînement auprès d'Écorce d'Ében et l'apprenti qu'elle n'avait pas. Elle se lécha une patte avec un air mélancolique puis revint à nouveau à l'instant présent.

« Et toi ? Je ne t'avais jamais vu par ici avant, il me semble. »

La question ne revêtait aucune forme d’intérêt, une pointe de curiosité tout au plus.
Bien que tentant de faire bonne figure rien que par respect pour son rang, la doyenne dénigrait assez les solitaires. Son principal reproche restant, comment pouvait-on vivre sans le clan des Étoiles. Même les domestiques, dans leur genre, vénéraient quelque chose.

Spoiler:

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Ça y est. La lune était à son zénith. Les nuages s'effilochaient, et les rayons laiteux illuminaient le paysage.

Je m'appelle Nuit Blanche, je suis une solitaire.


Pistache Ambrée détourna du ciel d'un noir profond ou la lune traçait des chemins de neige pour revenir à la petite chatte découpée. Nom approprié.
Puis elle la regarda s'éloigner, ramassée ce qui devait être une proie enterrée, et s'en aller. Comme ça devait être différent comme vie ! Pas de famille, de partie de chasse entre amis, de partage, de réserve de gibiers, de mentors et d'apprentis, de compagnon, de... Ses pensées dérivèrent sur la mort d'Écorce d'Ében, l'apprenti qu'elle n'avait pas et les lois des guérisseurs qui l'empêchait d'avoir des petits. Elle était très bien chez les solitaires finalement.

Mélancolique, la doyenne tourna la tête vers le ruisseau et écarquilla les yeux avant de s'approcher à pas feutrés. Le ruisseau avait disparu. Il ne restait qu'un morceau de ciel qui se découpait entre les herbes. Un bout de ciel qui courait au sol, juste devant ses pattes...
Aucun souffle de vent ne venait rider la surface de l'eau, ainsi celle-ci restait plate et lisse, parfait miroir où se reflétaient la lune entourée d'une myriade d'étoiles. Les anciens... La guérisseuse eu soudain l'envie irrésistible de e sauter dans ce ciel à porté de patte et de rejoindre son mentor, ses parents, ses amis qui y étaient tous déjà.

Mais elle se détourna et ramassa doucement sa maigre récolte. Il fallait attendre qu'elle ai transmit tout son savoir a un apprenti qui la succéderait, reprendrait le flambeau, le tenant plus haut encore. Alors, elle pourrait aller se reposer.

En attendant, elle n'avait pas été sérieuse. Vu le peu de plantes qu'elle avait ramassé, elle devrai y retourner le lendemain. Et maintenant, elle se retrouvait seule en pleine nuit. Une guérisseuse seule en pleine nuit loin de son camp. Anxieuse, Pistache Ambrée se hâta à travers les herbes hautes, contente de ne pas être à découvert, avant de traverser la forêt à tâtons. Les rayons de lunes qui l'avaient guidé jusqu'ici ne parvenaient plus jusqu'au sol. Mais le temps que la chatte s'habitue à l'obscurité, elle débouchait déjà sur le camp. Après un bref salut de la queue envers le veilleur de nuit, elle se glissa jusqu'à son antre et rangea méticuleusement les remèdes dans sa réserve avant de pouvoir enfin se pelotonner sur sa litière. Quel périple.